mercredi 4 octobre 2017

A la découverte du Hanoï colonial : le pont Long Biên, anciennement pont Doumer.



          Pour le visiteur qui séjourne quelques temps à Hanoï, le pont Long Biên, anciennement appelé pont Doumer, fait partie des sites "incontournables" à photographier, voire à emprunter... 


Le pont a eu de nombreux noms. Il fut tout d'abord appelé « pont Paul-Doumer », du nom du gouverneur général de l'Indochine, Paul Doumer, grand promoteur des transports ferroviaires.
Il fut ensuite renommé « pont du fleuve Cai » par les Vietnamiens mais finalement le maire de Hanoi, sous le régime pro-japonais, décida de le nommer « pont Long Biên », nom qu'il a gardé jusqu'à aujourd'hui, Long Biên étant le nom d'un quartier périphérique de Hanoï sur la rive gauche du fleuve Rouge...

Si l'on a un peu de temps à y consacrer, le mieux est en fait de l'emprunter à pied dans un sens à l'aller en suivant l'étroit trottoir (et en faisant attention où l'on met les pieds car certaines dalles sont en mauvais état), de préférence à contre circulation pour des raisons de sécurité, et en basculant au retour de l'autre côté au retour. Très emprunté par les deux roues, notamment aux heures de pointe le matin et le soir, le pont voit passer de multiples marchandises et sert même par endroit de marché de rue... voire parfois de décor pour photographes de mode...





Ce pont permet au Chemin de fer de franchir le fleuve Rouge après la gare de Hanoï pour continuer sur la rive gauche du fleuve en direction de Lào Cai puis du Yunnan en Chine




Côté rive droite, juste à l'entrée du pont, il existe une petite gare accessible par une rampe caractéristique de "l'architecture III° République" :








Le pont Long Biên, construit à l'époque de l'Indochine française pour un montant de 10,5 million de francs de l'époque par l'entreprise Daydé et Pillé, société absorbée depuis par le groupe Eiffel, a vu ses travaux, lancés en 1898, s'achever le 28 février 1902. De nos jours, les traces de l’année de construction et des noms des créateurs sont encore visibles sur la butée du pont.



Mis en service en 1903, il était initialement accessible uniquement aux vélos, aux trains et aux piétons.
Voici ce qu'écrivait d'ailleurs à son sujet un témoin de l'époque :
« Ce pont, achevé il y a deux ans environ et dû à l'initiative du précédent gouverneur de l'Indo-Chine, est un viaduc métallique, d'une longueur de dix-huit cents mètres, destiné au passage de la voie ferrée et flanqué de deux couloirs pour les piétons. Cet ouvrage élégant et durable, reliant les deux rives du fleuve Rouge, a coûté sept millions; trois millions de plus auraient permis la construction d'un pont pour voitures.
Il est certain qu'on devra, un jour ou l'autre, se résoudre à cette dépense qui répond à une pressante nécessité. En attendant, il faut se contenter du système primitif du passage par bac. »
Sources Texte : Jean De Cardaillac, Au Tonkin, impressions et souvenirs, Ed. Belin, Paris, 1910.

Si la voie routière, ajoutée en 1923, n’est plus en usage de nos jours, il semblerait qu'il existe un projet de rénovation prévoyant d’y faire passer quatre voies destinées à la circulation automobile, séparées par une voie piétonne centrale en place du chemin de fer...




La rapidité avec laquelle cette construction a été réalisée est exceptionnelle vu l'éloignement géographique de la France et la faiblesse de la sidérurgie locale de l'époque... Ce fut donc une véritable prouesse logistique pour l'époque. Faisant partie alors des quatre plus longs ponts du monde et le plus marquant en Extrême-Orient, le pont Doumer représente un grand symbole de la révolution industrielle imposée en Asie.
Il fait partie des très nombreuses structures métalliques construites dans le style Eiffel, que l'on retrouve aussi à Da Lat. Malheureusement, un manque d'entretien évident et surtout les intenses bombardements qu'il a subis de la part des États-Unis lors de la guerre du Viêt Nam à partir de 1967, s'ils n'ont jamais pu le détruire définitivement, ont sérieusement mis à mal sa structure. Des piles ont été ajoutées pour le consolider mais une partie des superstructures a été démontée.
Avec une longueur totale de 1682 mètres, une hauteur de 13,5 mètres et une profondeur de 30 mètres, le pont Long Biên a été le premier pont en acier à enjamber le Fleuve Rouge. Reposant en son milieu sur l'île Phu Xua, il comprend 19 travées basées sur des poutres en porte-à-faux comportant deux passages piétons de chaque côté de la voie ferrée centrale.
Le centre et la gare de Hanoï étant sur la rive droite du fleuve Rouge, le pont Long Biên permet à la voie ferrée de passer sur la rive gauche vers le Nord et notamment vers Haï Phong et la Chine
Sources documentaire : Article Wikipédia
Sources Photographiques : JLM


A l'attention de ceux qui souhaitent faire un retour en arrière dans l'histoire, deux photos symboles prises à neuf ans d'intervalle, illustrent bien l'importance occupée par le pont Doumer dans l'histoire de Hanoï...

La première photo, tirée de l'ouvrage "Une guerre sans fin", montre l'entrée du général Leclerc et du général Valluy dans Hanoï, à la tête du groupement blindé de la 2° DB le 18 mars 1946 quelques instants avant de se diriger vers la rue Paul Bert.



Le même emplacement aujourd'hui : la sentinelle chinoise a quitté sa guérite... et nos généraux s'en sont allés vers leur destin...




Une seconde photographie d'époque mérite un autre "arrêt sur image"... C'est celle de nos tirailleurs (ou tabors) marocains quittant Hanoï en octobre 1954... et se préparant à être sans doute acheminés vers Haïphong pour y être rembarqués et rapatriés...



Retenons enfin ces photos prises le 7 octobre 1954 au moment où les derniers officiers français quittent Hanoï, suivisde près par la délégation vietminh à qui ils laissent la ville :



Parmi les officiers qui firent cette dernière traversée, il y avait le colonel d'Argencé, un bigor de l'aartillerie coloniale qui après avoir défendu la citadelle lors du coup de force japonais du 9 mars 1945 quittait le Tonkin (au centre en calot avec la canne à la main) :




Symmboliquement le colonel d'Argencé faisait sur ce pont ses adieux à Jean Sainteny, notre résident blessé en décembre 1946 lors de l'insurrection vietminh, qui lui restait au Tonkin pour devenir le premier représentant de la France auprès dee la république déémocratique du Vietnam :




La rampe d'accès au pont Doumer est toujours là... mais ce sont désormais des jeunes mariés qui ont accepté de poser pour moi qui ont succédé aux soldats de l'Union française...



Bonne visite...



3 commentaires:

  1. On trouve aussi de l autre cote du pont les rampes caracteristiques.
    Pour la petite histoire, la famille descendante de Paul Doumer a propose au gouvernement VN de renover gratuitement le pont a condition qu il lui soit redonne son nom d origine. La proposition a ete refusee.

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    1. Personnellement je doute fort de la véracité de cette histoire... D'une part un tel projet serait politiquement inacceptable vu la symbolique des noms et l'orgueil des Vietnamiens, d'autre part ce serait financièrement impossible vu l'ampleur des travaux à réaliser...

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  2. Pont Doumer… des souvenirs des séjours de 1947 à 1949 et de 1952 à 1955.
    Il fallait déjumeler les trains arrières des GMC et autres camions pour emprunter le pont, la largeur de la chaussée étant insuffisante.
    Parcours obligé pour rejoindre Haïphong, Hung YEn et bien d'autres secteurs.

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