vendredi 6 décembre 2013

Lang Son, la citadelle...



          Après la visite de la ville de Lang Son, la meilleure manière d'aborder la citadelle est sans doute de commencer par repositionner celle-ci sur les plans que nous avons déjà utilisés précédemment... avec en particulier celui extrait de l'ouvrage "Lang Son, journal des opérations" du capitaine Armingaud, publié en 1901 :
@ Claude Munch






Avant d'entreprendre la visite de la citadelle de Lang Son rappelons à travers cet extrait d'un dossier spécial Indochine de la revue "Ancre d'or-Bazeilles (n° 345), que celle-ci a été le théâtre de violents combats lors des journées du 9 au 13 mars 1945, journées sur lesquelles nous reviendrons plus en détail dans un prochain billet :
"A la citadelle, la résistance “jusqu’à la dernière cartouche” aura duré une vingtaine d’heures et coûté, du côté français, cent vingt tués et cent quarante blessés graves hospitalisés et de nombreux autres blessés. Les 11, 12 et 13 mars, quatre cent soixante rescapés et blessés - qui peuvent tenir debout - sont amenés au bord d’une tranchée ou de la rivière Song-Ky-Cong et décapités au sabre ou à la hache, mitraillés, embrochés à la baïonnette et achevés à coups de pioche. Au total, entre le 9 et le 13 mars 1945, 1 128 soldats français et indochinois sont morts dans l’affaire de Lang Son."


Sur cette photo ci-dessous on peut avoir une idée de la configuration générale des lieux et du positionnement des différentes emprises au début du siècle, la prise de vue ayant probablement été effectuée depuis les pentes du fort Négrier :



S'agissant de la citadelle elle même, voici comment se présentait au début du XX° siècle la porte d'entrée sud de l'ancienne cité annamique qui existait avant l'arrivée des Français en 1885 puisque l'enceinte daterait du milieu du XVIII° siècle (1759) :


Il semble que c'est à cet emplacement dénommé sauf erreur, "Place de la République", que se déroulaient autrefois les exécutions publiques de Pavillons noirs par décapitation ainsi que l'attestent certains documents d'époque.
C'est aussi vraisemblablement dans cette zone qu'auraient été exécutés le sous lieutenant Duronsoy du 5° Etranger et ses hommes par les Japonais à l'issue des combats malheureux des 9 et 10 mars 1945 :
" A Lang Son, le reliquat du DML ayant à sa tête le sous-lieutenant Duronsoy participe à la défense de la citadelle. Le 10 mars, à 7 heures 30, les légionnaires accompagnent avec leurs vieux chars Renault FT 17 une contre-attaque désespérée de la 21ème Compagnie du 3ème RTT. Au cours de celle-ci, qui échoue, 4 hommes du DML sont tués. Capturés à 15 heures, les étrangers avec leur jeune chef sont conduits sur le glacis du fort Brière de l'Isle et exécutés à la mitrailleuse. Avant de mourir, tous chantent « La Marseillaise », l'hymne étant repris par les tirailleurs tonkinois présents figés dans un impeccable garde à vous."

Voici l'état actuel de la porte Sud après destruction de la tour qui la surmontait autrefois :

L'extérieur de la porte d'accès à l'ancienne citadelle... aujourd'hui


La porte d'accès à l'ancienne citadelle... autrefois

De la porte d'accès à la citadelle... seuls subsistent les gonds

Le mur d'enceinte prolongeant la porte en direction de l'ouest

Immédiatement à proximité de la porte sud de la citadelle, on remarque cette pièce d'artillerie repositionnée sur un support de fortune :

Pièce d'artillerie de 155 mm long, modèle 1877 - 1914 Schneider


Il semblerait, sauf erreur de ma part et indépendamment des modification apportées, que cette pièce d'artillerie sans doute appartenant au 4° RAC (Régiment d'artillerie coloniale), devait ressembler plus ou moins à ce canon de 155 mm modèle 1877 une fois équipée de ses roues d'origine :


Les informations lisibles laissent encore apparaître l'inscription canon de 155 mm modèle 1877-1914 avec le numéro de série 244 et A. BS 1916 concernant les informations relatives à sa fabrication :



La présence de ces seringues au pied du canon (tout comme dans de multiples endroits où nous sommes passés (à commencer par les fossés du pont Bascou...) montre que la société vietnamienne a un sérieux problème avec la drogue :



Il semblerait que cette pièce d'artillerie soit avec une autre partiellement enterrée mais que nous n'avons pas vue, les deux seules qui subsistent encore de la batterie de canons de 155 mm long de l'époque. Les deux autres auraient en effet été découpées et ferraillées pour les besoins de la population locale.


Si l'on franchit la porte sud et qu'on emprunte ce qui était autrefois l'avenue Clamorgan, on longe la façade Est de l'ancienne emprise militaire française où stationnaient le 3° régiment de tirailleurs tonkinois et le 4° Régiment d'artillerie coloniale, aujourd'hui occupée par l'armée vietnamienne, en laissant sur la droite successivement l'ancienne infirmerie-hôpital puis les bâtiments de l'Intendance et enfin la zone du parc d'artillerie.

A droite de l'ancienne avenue Clamorgan la zone de l'infirmerie-hôpital

 A gauche de l'ancienne avenue Clamorgan, la zone du 3° RTT


Les murs d'enceinte de l'ancienne citadelle sont une fois encore marqués par les impacts laissés soit par les combats de 1979, soit par l'assaut des Japonais :


 Vestiges des combats de 1979


 L'ancien quartier du 3° RTT

La porte d'accès à l'entrée de l'ancien quartier du 3° RTT


Une fois parvenu à l'angle de l'avenue Folie de Joux on est au niveau du logement qu'occupait avant sa mort le colonel Robert (voir le billet consacré aux journées des 9 et 10 mars 45).
En suivant cette avenue en direction de l'ouest on arrive au niveau d'un stade ouvert dans ce qui était autrefois l'ancienne zone du service des constructions et on retrouve alors le mur d'enceinte de l'emprise du 4° RAC, encore une fois abîmé par les affrontements de  1979 :






En continuant l'avenue Folie de Joux jusqu'à son extrémité ouest puis en contournant la citadelle en direction du sud on aperçoit sur la gauche l'ancien réduit dans lequel s'était réfugié le général Lemonnier le 9 mars au soir. Ce bunker aujourd'hui détruit, se situait dans l'angle sud ouest de la citadelle de Lang Son, au pied du fort Négrier.
On devine sur la photo ci-dessous les ruines grises de cette fortification sur la hauteur dominant la citadelle :

Le réduit du général Lemonnier à la pointe sud-ouest de la citadelle

Pour essayer de l'attendre deux voies sont passibles...
La première est celle qui part de la porte sud. Pour cet itinéraire il suffit de longer l'enceinte sud de la citadelle en direction du sud-ouest et on aperçoit alors rapidement le réduit au dessus. Ensuite il faut grimper en essayant de passer à travers le bois de pins ci-dessous mais ceci nécessite de franchir des barbelés distendus qui protègent le périmètre militaire... aux risques et périls de l'intéressé... et sous réserve que le terrain ne soit pas trop détrempé...  :

Le mur d'enceinte à gauche de la porte sud, menant vers le réduit (accès sud-ouest)

Le bois de pin en dessous du réduit
.

La seconde voie consiste à essayer d'aborder aborder le réduit par l'autre côté.
Après avoir atteint l'extrémité ouest de l'ancienne avenue Folie de Joux, j'ai donc décidé de contourner la citadelle par l'ouest mais malgré l'aide d'un Vietnamien qui m'a gentiment et gracieusement conduit à moto à travers un dédale de construction et de bâtiments scolaires je n'ai pu y accéder...
Le réduit se trouve en effet à l'intérieur de l'emprise militaire (ou de police) ci-dessous ; profitant de l'absence du factionnaire j'ai tout de même franchi le portail et j'ai réussi à me glisser quelques instants jusqu'au niveau du bâtiment blanc mais j'en suis ressorti sous le regard hilare de mon guide sans avoir eu le temps de prendre des photos car "on venait"... :

L'emprise dans laquelle se trouve le réduit


En dépit du fait que le réduit reste inaccessible, ce parcours permet de découvrir le cimetière implanté sur le côté ouest de la citadelle et qui figure sur les deux plans ci-dessus :


La petite chapelle en ruine (construction de couleur grise) qu'on aperçoit sur le cliché ci-dessus au milieu des tombes est la même (construction de couleur blanche) qu'on peut voir sur cette photo prise par Carl Mydans en 1950, qui outre une vue de ce qu'était ce cimetière il y a une soixantaine d'années, nous permet aussi d'avoir un aperçu de l'ensemble de la citadelle, photo à comparer avec celle figurant en haut de ce billet :


L'examen rapide des inscriptions encore visibles nous a permis de noter cette sépulture d'enfant décédé en décembre 1937 et présenté comme étant le fils du lieutenant Genest, sans doute un officier de la garnison : 


D'autres sépultures nous ont été présentées comme abritant des dépouilles de "Phap" c'est à dire de Français décédés il y a très longtemps mais aussi de catholiques francophones : 





Il est temps à présent de revenir sur les journées de mars 1945 qui ont ensanglanté la garnison de Lang Son...



3 commentaires:

  1. Chapeau bas pour la topo mon Colonel...

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  2. Bonjour Antoine, il va falloir qu'on y retourne !!! Il y a encore plein d'endroits à explorer dans Lang Son et ses environs... Dommage que nous n'ayons pas compris tout de suite qu'il fallait tourner le plan ;)

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  3. Mon grand-père maternel le capitaine huitric Jean est mort le 10 mars si quelqu'un avait des photos de cette période ou des témoignages je compte sur vous ma Maman âgée à cette époque de 18ans ne sait jamais remise du décès de son papa.

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