dimanche 11 mai 2014

Talung

          Soucieux de visiter les lieux où le jeune lieutenant de Saint-Marc avait servi, et qui avaient marqué si fort sa carrière, Antoine et moi sommes partis lors de notre voyage de 2014, entre deux ondées, pour nous rendre sur le site de Talung (ou Ta Lung)..

L'accès à Talung au départ de Dong Khê n'est pas chose aisée, même si de mémoire il existe une liaison directe par mini-bus plus ou moins incertaine... Nous avons donc fait mouvement sur Cao Bang où nous avons pris dans la foulée dès l'arrivée à la gare routière un mini-bus en partance pour Phuc Hoa puis Talung... Dans la foulée signifiant bien entendu comme partout au Vietnam lorsque le bus est plein...
Talung est une bourgade qui se situe sur la frontière avec la Chine, au centre d'une petite vallée par où passent aujourd'hui quotidiennement un gros trafic de marchandises et des mouvements de frontaliers... Comme toutes les vallées de la zone, celle ci constitue un remarquable axe de pénétration  Est - Ouest qui fut traditionnellement emprunté par les Pavillons noirs, le Vietminh mais aussi les troupes chinoises que ce soit en 1949 ou en 1979...

A l'époque de Galliéni, un poste fut élevé au centre de cette vallée afin de surveiller et d'interdire la pénétration des Chinois au Tonkin.
Voici la description du site de Talung telle que l'a faite le colonel Gallieni, lors du séjour qu'il fit entre 1892 et 1896 en Indochine et qu'on peut lire dans l'ouvrage "Gallieni au Tonkin" :
" Le 9 avril, guidés par le lieutenant Mordacq, officier d'une intelligence peu commune, qui chemin faisant me met au courant de la topographie du pays, nous suivons la rive gauche du Song Bang Giang et débouchons dans la plaine de Talung. C'est un tout autre pays et l'on découvre avec plaisir un horizon plus étendu, tel le voyageur qui chemine depuis de longues heures dans une épaisse forêt et rencontre enfin une large clairière. Cette impression est surtout sensible dans cette Haute Région où, derrière chaque rocher, au sommet de chaque piton, on croit voir surgir tout d'un coup le large chapeau conique et le fusil d'un pirate en embuscade. Le Song Bang Giang coule, plus large, moins rapide. Ce qui réjouit l'oeil, c'est la vue de plusieurs sampans chinois venant de Cao Bang et allant à Long Tchéou pour charger des marchandises diverses. Dans la plaine nous remarquons plusieurs villages et quelques rizières et champs de canne à sucre, au milieu desquels un certain nombre de Thôs sont au travail. Le capitaine Vannier nous montre à quelque distance, le poste de douane français de Na-Thong, et, non loin de là, le mamelon qui domine la plaine et sur lequel on a déjà commencé les travaux de notre nouveau poste de Talung. Le campement des tirailleurs et des légionnaires employés à la construction est au pied du mamelon."

A l'époque de la conquête coloniale, plus précisément en 1895, voici comme le site se présentait alors :

Débouché du Song Bang Giang en Chine
(Croquis réalisé le 22 / 02 / 1895)

Sur la photo ci-dessous on a une idée de la physionomie du poste dans les années de l'entre deux guerres ; comme on peut le constater le poste avait "de la gueule"

Le poste de Talung dans les années trente



La route qui mène à Talung et qui passe par Phu Hoa, si elle est toujours aussi tortueuse, n'a bien évidemment rien à voir avec celle qu'empruntaient nos anciens...
Sur la coupure de carte au 1/50 000° figurant ci-dessous, on peut voir très aisément l'emplacement du poste de Talung (petit rectangle encadré en dessous des lettres Ta) : 




Voici la seule photo que j'ai pu trouver du poste de Talung à l'époque du séjour du lieutenant de Sain-Marc, séjour qui s'est achevé par l'abandon du village en février 1950, événement qui allait marquer à jamais cet officier et qui est extraite de son livre "Mémoires - Les champs de braise" :

Le poste de Talung à l'époque du lieutenant de Saint Marc

A propos de ce séjour du lieutenant de Saint-Marc à Talung, voici quelques extraits de ce que celui-ci écrit dans son livre, sans doute les plus belles pages de ce dernier :
" Au bout de quelques mois, le commandement m'a confié la responsabilité du poste frontière de Talung que l'on voulait réoccuper sur la rive gauche du Song Bang Giang, ce fleuve rouge des pluies d'argile qui relie le Vietnam à la Chine. /.../ .J'ai accepté le poste de Talung sans savoir que ce "oui" allait bouleverser ma vie. /.../. Avant de réoccuper Talung, il nous a fallu huit à dix jours d'opérations pou atteindre la vallée de Phuc Hoa. Nous avancions dans une forêt tropicale, où la lumière du jour était rare. Les camions progressaient par saccades., chaque fois que la route était rétablie. La marche était éprouvante : troncs géants, amas inextricables de végétation, nuages de moustiques, serpents de toutes sortes. Nous mangions, couchions, vivions dans la jungle. Un jour, un peu après midi, dans la lumière aveuglante nous avons aperçu la plaine et les méandres du fleuve. Talung était un hameau de frontière, établi à l'époque de Galliéni. Le poste commandait un secteur de plusieurs dizaines de kilomètres carrés. La plaine du Song Bang Giang était fermée par les montagnes de calcaire, dont les à-pic de jungle, les sentiers taillés dans la pente et les grottes servaient de refuge au Vietminh. Des blockhaus d'angle fermaient le poste dont certaines pièces étaient démolies. Il nous a fallu un mois de travail pour nous installer sous des toits de paillotes et faire revivre Talung. Je me suis lancé dans l'aventure avec l'énergie et la fièvre que j'avais accumulées depuis 1940. /.../. A Talung nous étions libres de nos actes. Seule une liaison régulière traversait les montagnes à partir de Dong Khê. Elle était réduite à un strict minimum de matériel : courrier, munitions et ravitaillement. Pendant dix huit mois, je peux compter sur les doigts d'une seule main les liaisons où l'état-major s'est enquis de notre situation.../.../. La mission qui nous était confiée à Talung évoquait davantage les premiers temps de la colonisation que l'époque de la guerre du Pacifique. Depuis des décennies, les villages n'avaient pas changé, ni le terrain, ni les grandes lignes politiques entre les minorités de part et d'autre de la frontière. Je commençais ma carrière par un grand bond en arrière de cinquante ans. Il restait de mes prédécesseurs quelques tombes rassemblées dans un petit cimetière, construit sur un mamelon qui dominait la Chine toute proche : la plupart étaient morts de maladie ; quelques légionnaires étaient tombés dans des affrontements avec le banditisme, mal endémique de ces régions de trafic. J'ai fait rafraîchir leurs tombes à défaut de profiter de leur expérience. Je me suis lancé dans leurs pas sans même le savoir, éprouvant les mêmes illusions et la même plénitude, rencontrant les mêmes obstacles."

Sur la vue Google Earth figurant ci dessous, on peut voir la position actuelle du poste autrefois occupé par les Français (coordonnées : 22° 29' 28" N - 106° 34' 26" E) par rapport à la frontière avec la Chine :  



Sur cette seconde vue Google Earth (orientation inversée, le sud étant en bas) on peut voir le détail du poste dont l'enceinte correspond apparemment à celle de l'époque française ; le mouvement de terrain figurant sur le croquis de 1895 et sur la photo de l'entre deux guerres étant à gauche de la vue :



Voici à présent comment se présente le poste militaire lui même qui comme à l'accoutumé a été bâti sur l'emplacement utilisé par les Français :





Dans ses mémoires Saint-marc évoque l'existence d'un cimetière où étaient inhumés les légionnaires et les partisans qui étaient tombés au combat... Inutile de dire que nous n'avons rien vu qui aurait pu ressembler de près ou de loin à un cimetière... mais il faut dire que la pluie nous a gêné dans nos investigations... Tout ce secteur ayant fait l'objet d'aménagements routiers il y a fort à parier que les vestiges d'époque auront disparu.


NB : Suite à la lecture de mon blog, monsieur Christophe Guyonnaud qui est passionné par l'histoire de l'Indochine et qui a été en contact avec le commandant de Saint-Marc m'a aimablement communiqué les photos ci-dessous prises lors de son voyage sur place et qui nous montrent l'état du cimetière :

@ Christophe Guyonnaud 

@ Christophe Guyonnaud 


Sur les deux photos suivantes on peut aussi voir les vestiges d'un emplacement de combat bâti à proximité du poste :

 @ Christophe Guyonnaud 

@ Christophe Guyonnaud 


A l'attention de ceux qui souhaitent se rendre sur place je souhaiterais ajouter qu'aujourd'hui, l'ambiance qui règne à Talung n'est pas des plus conviviales comme dans toutes les zones frontières où passent les commerçants et les trafiquants en tous genres... Pour les Vietnamiens Talung est en effet avant tout un poste frontière par lequel transitent les marchandises et les personnes qui se rendent d'un côté ou de l'autre de la frontière pour les achats ou pour le travail...
Pour parvenir à prendre les deux photos ci-dessous il a fallu bien évidemment imposer pratiquement notre présence au garde frontière qui craignant sans doute de nous voir passer chez les "Célestes" comme on disait dans les années cinquante, nous surveillait comme le lait sur le feu... En fait les deux ou trois cents mètres qui séparent la barrière métallique en accordéon du poste frontière lui même sont interdites d'accès aux étrangers sans visa... ce qui n'empêchera pas paradoxalement notre conducteur de bus de nous y amener un peu plus tard pour aller récupérer des voyageurs directement dans le no man's land... Allez donc y comprendre quelque chose... Ce sont là les mystères du Vietnam...

Antoine n'a pas pu résister au plaisir d'en griller une face à la Chine...

Un peu plus humide que le crachin du Tonkin quand même...

Bien évidemment, même si nous nous sommes avancés jusqu'au portail du poste militaire en mettant à profit la pluie qui tombait à verse, il ne nous a pas été possible de visiter les lieux... sauf à prendre le risque d'y  passer quelques heures pour "complément d'informations" comme aurait dit l'inspecteur Borniche, voire d'y "dormir" carrément...

Je ne sais si c'est l'effet de la pluie qui rendait particulièrement lugubre le paysage ou si c'est l'impossibilité de retrouver le moindre vestige du passé faute de pouvoir visiter le poste, mais une chose est certaine, Talung ne restera pas l'un de nos meilleurs souvenirs de ce retour sur le terrain...
Même le paysage, pourtant grandiose avec les pitons calcaires était noyé dans la brume, ce paysage à propos duquel Lyautey qui servait sous les ordres de Galleni écrivait :
" On n'a pas idée de formations géologiques aussi biscornues. C'est le chaos absolu. On se demande comment nous ne sommes pas restés tous dans ces coupe-gorge"

Les calcaires de Talung


En ce qui nous concerne, la pluie ayant redoublé d'intensité et la nuit tombant, il était temps de reprendre, trempés et déçus, le chemin de Cao Bang avec le dernier mini-bus...

samedi 10 mai 2014

Coc Xa : un parcours chargé d'histoire... (1)

          A présent que s'achèvent la visite de Dong Khê et le rappel à propos des combats qui y furent livrés en mai et septembre 1950, il est temps de se rendre sur le lieu où furent anéantis les restes des colones Charton et Lepage. Cette dernière en particulier a connu dans la zone de Coc Xa un destin tragique qui a vu disparaître lors d'une percée sanglante pour rejoindre la vallée de Quang Liet, le 1er BEP et de nombreuses unités élémentaires des autres formations (Tabors, Tirailleurs marocains...).


Compte tenu de la richesse en informations disponibles à propos des combats de Coc Xa j'ai décidé de rédiger deux billets :
- le premier billet est destiné à présenter le parcours depuis Dong Khê jusqu'au débouché du sentier du goulet dans la vallée de Quang Liet afin d'aider à s'y rendre ceux qui le souhaiteraient ;
- le second billet est consacré à récapituler de façon non exhaustive quelques uns des témoignages disponibles sur les combats, illustrés de quelques photos supplémentaires, afin d'offrir une mise en perspective des affrontements.

A partir de Dong Khê, il est très facile de rejoindre la zone où se déroulèrent ces combats tragiques car le site de Coc Xa ne se trouve qu'à quelques kilomètres de la bourgade... mais encore faut il savoir où il se trouve et comment y aller...
Ainsi qu'on peut le voir sur cette vue Goggle Earth la distance séparant Dong Khê du site de Coc Xa est d'environ 6 kilomètres ce qui permet de faire l'aller-retour entre la bourgade et le goulet en une demi-journée sans problème. Par temps sec, en ne dépassant pas la zone de la Source, il faut compter environ 1h30 à 2 h de marche à l'aller et autant au retour, avec le franchissement du col au niveau des côtes 760 - 765, à 4 km de Dong Khê.

Le parcours entre Dong Khê et Coc Xa
(Photo Google Earth)

Si l'on souhaite poursuivre après "La source" et descendre jusqu'au hameau de Coc Xa dans la vallée de Quang Liet, il faut compter une demi-heure de plus à l'aller mais au moins une heure à une heure trente pour remonter... car la pente est extrêmement forte sur la seconde partie de cette descente qui s'étend sur environ 500 m ce qui exige de faire relativement attention...
Dans tous les cas, à part vouloir impérativement contempler les barrières calcaires depuis le bas ou poursuivre la vallée de Quang Liet soit vers le Sud (en direction des hameaux de Cok Ton, de Ban Ka, de Na Kao) soit vers le Nord (Quang Liet, débouché sur l'ancienne RC 4), on peut se contenter d'un moment de recueillement au niveau de "La Source" avant de rebrousser chemin par le même itinéraire.
En raison de la densité du sous bois en dessous de la source et de la pente cette seconde partie de l'itinéraire offre moins d'intérêt.
A l'attention de ceux qui souhaiteraient descendre jusqu'à la vallée et poursuivre soit en direction du Nord, soit en direction du Sud, je publierai prochainement un complément d'informations pour rejoindre le col de Loung Phaï aux environs des côtes 608 et 703 (première option) ou la RC 4 au Nord Ouest du col de Nguon Kim (deuxième option)... Ces deux parcours sont aisément franchissables dans la journée et on peut toujours se faire récupérer par un véhicule (taxi ou moto commandés avant le départ).
Antoine Baudot qui a également prolongé le parcours en poursuivant plein Sud après Cok Ton en direction de That Khê (itinéraire des survivants) pourra utilement rédiger un billet sur ce tronçon plus difficile à parcourir en raison de la densité de la végétation mais très riche du fait de son passé...

On peut bien entendu effectuer seul et sans problème le parcours jusqu'à "la Source" si on ne s'écarte pas de l'itinéraire, mais dans un souci de sécurité on peut aussi se faire accompagner d'un guide (comme Lham) car nul n'est à la merci d'une entorse ou d'un accident (voir la rubrique conseils pratiques)... Dans tous les cas il ne faudra pas s'attendre à ce que le guide, quel qu'il soit, soit en mesure de vous fournir beaucoup d'informations d'ordre historique... Pour cela, rien ne vaudra la consultation de ce blog et la lecture des livres régulièrement recommandés !



Rappel du contexte historique :


Suite aux combats du Na Kêo et à l'échec de la tentative d'évacuation des blessés par la RC 4 sur That Khê, les différentes unités de la colonne Lepage ont été contraintes de faire mouvement à tour de rôle depuis la plaine de Na Pa en direction de l'Ouest et de la vallée de Quang Liet, par laquelle était censée passer la colonne Charton qui se repliait vers le Sud après l'évacuation de Cao Bang.
Le 3 octobre, faisant suite au mouvement du PC et du 8° RTM vers la côte 765, le 1er Tabor (Sous- lieutenant de Pirey) qui s'était initialement installé en couverture au niveau des pitons Ouest de Dong Khê rejoint à son tour la région de la côte 760.
Le 4 octobre, le groupement Lepage quitte la ligne de crète pour descendre dans les cuvettes dominant la vallée de Quang Liet où le reste des unités le rejoint le lendemain.
Les mouvements de terrain situés au sud de la côte 765 étant déjà occupés par le Viêt-minh et suite à un problème de coordination, le sous-groupement Delcros (11° Tabor et 1er BEP) qui vient de quitter la RC 4 suite à l'embuscade du 3 octobre soir, ne peut rejoindre le reste de la colonne Lepage en franchissant le col entre les côtes 765 et 760. Les unités de ce sous-groupement sont alors contraintes de redescendre vers le sud pour rechercher difficilement un passage au milieu des calcaires. Après avoir trouvé une faille dans la barrière rocheuse, le BEP et le 11° Tabor atteignent le fond de la vallée de Quang Liet. Après un violent accrochage survenu au niveau de la côte 533 marqué par l'anéantissement de la section du lieutenant Tchabrichvili, le 1er BEP remonte la vallée à la suite du 11° Tabor vers le nord, afin de refaire la jonction avec les autres unités qui attendent le passage à leur niveau de la colonne Charton. Brancardant les blessés au prix d'inimaginables difficultés, les hommes gravissent à nouveau la falaise d'une centaine de mètre par un sentier escarpé (celui que nous allons emprunter) et rejoignent le 6 octobre le reste de la colonne Lepage regroupé au niveau des cuvettes.
Dans la nuit du 6 au 7 octobre 1950, alors que la colonne Charton se présente enfin à leur hauteur sur la ligne de crête du Qui Chan, la colonne Lepage est obligé de donner un sanglant assaut pour forcer le passage sur ce même sentier dont elle a perdu le contrôle dans la journée du 6, suite à la mise en place par le Viêt-minh d'un bouchon destiné à lui interdire toute exfiltration en direction de Charton.
Après avoir forcé le passage du sentier (lieu dit "La Source") ou descendu acrobatiquement la falaise au prix de plusieurs centaines de morts, les rescapés de la colonne Lepage rejoignent les hommes de Charton sur la ligne de crête du Qui Chan. Les survivants des deux colonnes entreprennent de poursuivre vers That Khê mais les assauts et les embuscades de l'ennemi disloquent l'ensemble de la formation... Si quelques groupes épars ou individus parviennent à passer entre les mailles du filet et à rejoindre That Khê avant son évacuation, la plupart des hommes seront capturés ou devront se rendre à bout de forces dans les jours suivants...

Pour bien repositionner l'ensemble des combats dans le "cadre espace- temps" (comme on dit dans les états-majors... !) voici la carte d'ensemble diffusée à l'occasion de la commémoration du cinquantenaire des combats :

 © A.M.A.L.E.P. - Numéro spécial Revue Trait d'Union octobre 2000
(Photo article de commémoration du cinquantième anniversaire des combats de la Rc 4)




Le parcours pour rejoindre les cuvettes de Coc Xa :

Même s'il est possible de suivre une piste partant de la plaine de Na Pa, l'itinéraire le plus pratique consiste à emprunter au niveau du marché de Coc Xa la piste qui traverse l'ancien site de l'aérodrome et poursuit en direction du Sud-Ouest en passant au milieu des jardins et des rizières :

(Photo JLM)

(Photo JLM)

(Photo JLM)

(Photo JLM)

(Photo JLM)

Les premiers kilomètres
(Photo JLM)


La vue Google Earth ci-dessous permet de se faire une idée approximative du nivellement et du site des cuvettes, approximative car il s'agit d'une représentation du relief et non d'une véritable carte topographique :


Le relief du parcours
(Photo Google Earth)


Au bout d'environ 2 km la piste devient plus étroite et commence à grimper le long des contreforts des côtes 760 - 765 ; c'est cet itinéraire que nous suivons qui a été globalement emprunté à l'époque par le 1er Tabor qui venant de quitter ses positions à l'Ouest de Dong Khê faisait mouvement vers l'Ouest ; le PC Lepage et le 8° RTM pour leur part ont suivi la piste venant de la plaine de Na Pa :

(Photo JLM)

Un parcours très agréable
(Photo JLM)


Au fur et à mesure que l'on grimpe vers les côtes 760 - 765, on a une très belle vue sur la plaine au Sud-Ouest de Dong Khê :

Vue depuis les contreforts des côtes 760 - 765
(Photo JLM)


Le sentier rejoignant la piste qui vient de la plaine de Na Pa, par où sont passés le PC Lepage et le 8° RTM (Lt Jaubert), l'itinéraire devient à nouveau praticable par les 4 x 4 et les motos :

(Photo JLM)

(Photo JLM)

 Vue sur la côte 760
(Photo JLM)

Vue sur la côte 765
(Photo JLM)


En arrivant au sommet de la ligne de crête, la piste se sépare en deux : un tronçon poursuit par la ligne de crête en direction du Sud et un tronçon descend à droite vers le Sud-Ouest en direction des cuvettes.
Ce secteur de terrain était la zone sur laquelle s'étaient installées les unités du 8° RTM et du 1er Tabor pour couvrir face à l'Est et au Nord le stationnement de la colonne Lepage : le 8° RTM était autour de la côte 765 et le 1er Tabor autour de la côte 760.
Initialement, c'est à dire avant sa bascule dans les cuvettes, le PC du Lcl Lepage était probablement lui aussi installé à proximité de l'endroit où a été prise la photo ci-dessus, c'est à dire entre les deux côtes, de façon a avoir de meilleures liaisons radio :

 L'intersection de la piste en crête et de la piste vers les cuvettes
(Photo JLM)


Pour rejoindre le site des combats il faut à présent emprunter la piste de droite qui descend et qui est rendue assez glissante du fait de la latérite :

(Photo JLM)

La descente vers les cuvettes
(Photo JLM)

Au bout de quelques centaines de mètres, la piste aboutit à un hameau de quelques maisons bâties dans la cuvette supérieur, emplacement où s'était regroupée une partie des unités de Lepage, notamment les blessés :

L'arrivée au niveau des maisons de la cuvette supérieure
(Photo JLM)

La cuvette supérieure - Vue en direction du Nord 
(Photo JLM)


Une fois arrivé au niveau des maisons, si l'on veut emprunter le sentier rejoignant la vallée de Quang Liet, il faut continuer à descendre en direction du Sud-Ouest en longeant le flanc de la ligne de crête que nous venons de franchir ; on aboutit alors à un passage rocheux ombragé fermé par une barrière en bois qui sépare la cuvette supérieure de la cuvette inférieure :

Le passage rocheux et la barrière entre les cuvettes supérieure et inférieure
(Photo JLM)


En suivant le sentier qui continue à descendre dans la cuvette inférieure on gagne ensuite l'extrémité Sud de cette dernière ; il ne faut pas s'engager au-delà de la cuvette en direction du Sud mais contourner par la droite une dépression d'une dizaine de mètres de profondeur et après avoir basculé sur la lisière droite de la cuvette, poursuivre en direction des débouchés Sud-Est de celle-ci :

La cuvette inférieure - Vue en direction du Sud 
(Photo JLM)

Les débouchés Sud-Est de la cuvette inférieure 
(Photo JLM)


Le lieutenant Stien et les partisans du BEP, plutôt que de s'engager dans le sentier qui descend vers le goulet poursuivirent a priori vers le sud en passant à gauche du piton central de la photo ci-dessus puis après avoir appuyé vers l'Ouest, trouvèrent un passage acrobatique dans la barrière calcaire pour rejoindre la vallée de Quang Liet.
D'autres, dont le sous-lieutenant de Pirey appuyant en amont du sentier sur la droite trouvèrent eux aussi un passage pour descendre en s'aidant également des lianes mais ils furent très rapidement pris à partie par les Viêt-minh qui débordaient les cuvettes par le nord des barres rocheuses ou s'y engouffraient en venant du col 760 - 765 qui venait d'être abandonné...

La mise à jour de Google Earth a mis à notre disposition des photos satellites de grande qualité qui dans le cas de Coc Xa (contrairement à Na Cham) permettent de se faire une bonne idée du terrain :



Les deux cirques et la descente vers le goulet
(Photo Google Earth)


Voici la physionomie générale de la cuvette inférieure, vue de la ligne de crête Est sur laquelle étaient installés les hommes du 8° RTM :


Le sentier qui mène au goulet, celui là même que le 1er BEP dut dans un premier temps gravir, puis dans un second temps ré-ouvrir pour forcer le passage après que le Viêt-minh se soit emparé du secteur de "La Source", est celui qui part à droite du mouvement de terrain ci-dessous :

Les lisières Sud-Est de la cuvette inférieure
(Photo JLM)

L'entrée du sentier descendant vers le goulet - Vue en direction de l'Ouest
(Photo JLM)


Le mouvement de terrain que l'on aperçoit au second plan de la photo ci-dessus est probablement celui où le Viêt-minh avait installé une mitrailleuse lourde qui prenait en enfilade la piste descendant vers le goulet.
C'est dans cette zone que nous traversons que furent regroupées les unités avant l'assaut du goulet en fin de nuit du 6 au 7 octobre 1950, vers 5 heures du matin :

 L'entrée du sentier descendant vers le goulet - Vue en direction de l'Est
(Photo JLM)


A partir du moment où l'on débute la descente par le sentier conduisant à "La Source", on s'engage dans un sous-bois relativement dense avec une succession de paliers et de passages rocheux parfois fermés par des barrières en bois destinées à éviter les divagations du bétail :

La barrière de bois avant la descente sur le goulet 
(Photo JLM)

 Les éboulis rocheux
(Photo JLM)


Au bout de quelques centaines de mètres le sentier toujours globalement orienté au Sud Ouest pénètre dans une clairière d'une centaine de mètres de long que l'on traverse  pour replonger à nouveau dans un vallon étroit :

L'entrée dans la clairière intermédiaire 
(Photo JLM)


Le débouché de "La Source" étant fermement tenu par le Viêt-minh qui s'en était emparé après la montée des hommes du 1er BEP en chassant les Tirailleurs du 8° RTM qui étaient censés le garder, il semblerait que ce soit à partir ce cette clairière que les unités du 1er BEP aient essayé de contourner le bouchon ennemi.
La 2° compagnie (Cne Garrigues), le PEG (lt Faulques) et la 3° compagnie (Cne de Saint Etienne) ne parvenant pas à passer, la 1° compagnie (Cne Bouyssou) tenta alors sans succès de trouver un passage en débordant sur la droite :

La sortie de la clairière intermédiaire 
(Photo JLM)


Après cette clairière, le sentier continue à descendre dans un sous-bois relativement dense et finit par aboutir au passage dit "du goulet" qui est un corridor entre deux gros blocs de rochers :

Le goulet 
(Photo JLM)


La piste continue ensuite à descendre en faisant quelques lacets... au milieu d'une végétation parfois envahie de "mouches à feu" qui avaient laissé un souvenir cuisant à mon guide deux ans auparavant :

Les derniers lacets du sentier avant "La Source"
  (Photo JLM)


C'est enfin l'arrivée au lieu dit "La source", cette "zone de mort" où les derniers légionnaires sont venus tomber (avec notamment le Lt Faulques) et que les goumiers et Tirailleurs qui suivaient ont franchi dans la foulée en entonnant disent les témoins survivants, la "Chahada", les derniers soldats viêt-minh ayant été mis hors de combat  :

Le rocher surplombant "La source" 
(Photo JLM)

Le lieu dit "La Source)
(Photo JLM)


Après "la Source", la descente très raide se poursuit dans le sous-bois jusqu'au hameau de Coc Xa :

 La descente entre "La source" et le hameau de Coc Xa
(Photo JLM)

 Choix du bon itinéraire de descente pour Bernard et Antoine...

Une pente raide... 
(Photo JLM)

La descente du sentier du goulet vue depuis le hameau de Coc Xa
(Photo JLM)



A l'issue de ce parcours quelque peu acrobatique sur la fin, il est temps de marquer une pause avant de faire un retour sur les témoignages à propos des combats...


 La pause pour Lham et moi...
 (Photo JLM)